Une seconde chance

L'hiver fait courir de gros risques aux SDF. Leur situation déjà précaire tout au long de l'année le devient encore bien plus quand la température baisse beaucoup. Il existe des foyers destinés à les héberger pour la nuit et pourtant certains sans-abri refusent d'y aller. Qu'est-ce qui les pousse à préférer dormir dans la rue si ce n'est l'inadaptation de ces locaux à ce qu'ils attendent ? Il est vrai que c'est une solution de dernier recours puisqu'ils y sont entassés et doivent obligatoirement les quitter tôt le matin.

Au lieu d'avoir ce genre de dortoirs, qui en fait ne résolvent rien parce qu'avec eux les SDF en restent de toute façon au même point, est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux créer des logements avec une chambre minimale pour chacun, qui serait une première étape vers quelque chose de plus normal ? Au moins ce serait une sorte de domicile qui leur faciliterait nombre de démarches. Est-ce par manque de volonté que ce genre de choses ne se font pas ? Pourtant, avec l'accélération accompagnant la mondialisation et les instabilités diverses de l'économie, chacun court de plus en plus de risques de se retrouver un jour dans une situation vraiment difficile. Ne serait-ce pas plutôt une incapacité à aller interroger les premiers touchés (et à vraiment tenir compte de leurs réponses) qui cause un blocage ?

En effet, on propose à leur problème une solution conçue à l'avance sans s'être demandé quel a été le cheminement qui les a menés là et donc si cela peut coincer quelque part. C'est ça ou rien et ce genre de propos n'est pas nouveau. Ils sont même récurrents chez les occidentaux. Beaucoup de ceux-ci ne peuvent quasiment pas s'adresser à l'autre sans lui dire : il faut entrer dans mon propre schéma, agir en suivant mon modèle personnel, sinon toute discussion est impossible (à moins qu'ils ne puissent vraiment pas faire autrement). Dans ce cas précis la question serait peut-être : est-ce que la société existe pour permettre aux individus de vivre ou sert-elle à conserver un système, quel qu'il soit ?