La langue des oiseaux

L'idée d'un accord avec la nature, avant que l'homme ne doive pratiquer l'agriculture et alors qu'il pouvait subsister en tant que nomade et recueillir sa nourriture au jour le jour, est ancienne. Dans une région originelle, durant un age d'or, toutes les créatures et plantes auraient partagé un même langage : la "langue des oiseaux".

Dans le cas où on se demanderait quelle vérité se cache éventuellement dans une telle légende, on peut s'intéresser aux compétences des Bushmen. Ceux-ci vivent de la chasse et de la cueillette dans une région particulièrement inhospitalière parce que manquant de pluies. Dans un article que j'ai lu dernièrement, il était indiqué qu'ils ont un talent vraiment spécial pour traquer le gibier. Ils sont capables de suivre une piste à l'aide d'indices très diffus et en se mettant quasiment dans la peau de l'animal qui les précède. Comme c'est une société qui ne connaît pas l'écriture ils ont développé une initiation progressive à cette forme de chasse. Pour être capable de "voir" et d'anticiper le comportement d'un gibier donné, ils doivent reconnaître les conditions dans lesquelles il était placé, ainsi que savoir les points qu'il a en commun avec les humains et ceux qui l'en différentient. Il n'est à ce moment pas question d'idées préconçues et c'est seulement en étant placé en situation et par la pratique qu'un chasseur peut améliorer sa technique. Pour celui-ci, le "verdict" est simple : lui et sa famille pourront manger ou pas.

Est-ce que cet accord nécessaire pour nos ancêtres à une lointaine époque avec la nature les entourant pouvait avoir des conséquences sur leurs relations dans un groupe ? Tout se passait-il mieux au point de qualifier cette période d'age d'or ? Il est certain qu'en sachant que si l'on fait exactement ce qu'il ne faut pas l'autre va vous exploser la tête (et aussi précisément pourquoi) les choses sont plus simples parce que diverses possibilités sont abandonnées d'emblée. Cela contraste avec un endroit où chacun reste concentré sur lui-même.