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Vieille branche

En son temps, Socrate avait un comportement qui irritait ses concitoyens. Il ne cherchait pas comme les sophistes à monnayer des cours auprès d'une clientèle choisie mais interrogeait tout un chacun sur la place publique. Après avoir adopté comme ligne de conduite l'adage "connais-toi toi-même" il cherchait à faire prendre conscience à ses interlocuteurs des contradictions qu'il devinait parmi leurs idées concernant les principes régissant leur existence. Selon ses propres termes, il n'apportait rien mis à part sa capacité à "accoucher les âmes". Il est quand même arrivé ainsi à quelque chose de suffisamment original en comparaison du "laisser aller" pratiqué par d'autres dans sa cité pour que Platon, qui en avait été témoin, en parle abondamment dans ses futurs ouvrages.

Aristote, 2 générations de philosophes plus tard, a adopté une approche radicalement différente en cherchant beaucoup à classifier et ordonner ce qu'il observait autour de lui (peut-être à cause d'une curiosité insatiable). On lui doit notamment la loi du tiers exclu, indiquant qu'une affirmation ne peut être que vraie ou fausse, ce qui semble montrer qu'il s'attachait à résoudre entièrement les problèmes qui lui apparaissaient.

La science occidentale a gardé la marque d'Aristote, notamment au travers de notre moyen age qui a fait un grand usage du travail qu'il avait laissé. Socrate, quant à lui, n'a à notre connaissance rien écrit lui-même, ce qui pour notre société est relativement éliminatoire. Pourtant, en voulant traiter chaque question comme si elle devait forcément se retrouver dans une "boite" déterminée à l'avance on perd des éléments parce que la réalité n'est pas simplement une juxtaposition de choses bien différentiées. Charles Darwin a montré que les espèces apparaissent par des divergences à partir de souches communes et ce point ne peut évidemment pas être négligé par les paléontologues et les biologistes. Karl Popper s'est penché sur la vérifiabilité des théories scientifiques, un problème qui empiète aussi bien sur la science que sur la philosophie. D'une manière générale, la connaissance de "structures" qui se sont développées progressivement, d'organisations implicites, facilite aussi bien la mémorisation que la résolution de nouveaux problèmes (par exemple grâce aux comparaisons). Il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier.