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Ce n'est pas simple

La schizophrénie est une maladie qui, selon les estimations, concerne approximativement 1 % de la population, dans toutes les sociétés. Ses causes exactes sont mal connues mais une composante héréditaire, une prédisposition, a été repérée. Elle n'est pas suffisante pour la provoquer systématiquement : un documentaire montrait des jumeaux monozygotes dont l'un était schizophrène tandis que l'autre allait bien. Leur mère avait aussi été touchée par cette maladie et le deuxième frère devait s'occuper quasi continuellement du premier. Pourtant il ne donnait aucun signe de ce genre de problèmes alors qu'il était évidemment inquiet.

Les chromosomes sexuels - X ou Y - peuvent être dissymétriques contrairement à ceux des autres paires. C'est le chromosome Y qui détermine les caractères masculins : les cellules des femmes contiennent une paire XX tandis que c'est XY pour celles des hommes. Le chromosome Y ne comporte que quelques dizaines de gènes contre plus de 2000 pour le X.

Aussi étonnant que cela paraisse, l'être humain partage presque 99 % de ses gènes avec le chimpanzé. Il suffit d'un peu plus de 1 % du génome pour provoquer toutes les différences qui nous sautent aux yeux, entre autre celles concernant le volume du cerveau et le comportement.

Ces éléments disparates semblent indiquer que l'action des gènes n'est pas simplement juxtaposée mais se produit selon des cascades d'événements étroitement liés. D'après les chercheurs, le chromosome Y se serait réduit selon une suite de transformations qui aurait débuté il y a environ 300 millions d'années. On dirait que bon nombre des fonctions qu'il supportait à l'origine se sont retrouvées sur le chromosome X systématiquement présent et qu'il serait juste le point de départ de chaînes de réactions qui feraient diverger organismes males et femelles. Comme la séparation entre humains et chimpanzés confirmerait l'idée que c'est un mécanisme généralisé, il est possible de voir là l'origine du décalage entre génotype et phénotype.

Le génome ne détermine pas entièrement le résultat final qui se concrétise sous la forme de l'organisme adulte, celui-ci dépendant aussi du déroulement du développement. Donc des phénomènes favorables ou défavorables auront des répercussions qui ne seront pas comparables selon leur proximité au début de la chaîne. D'une façon pessimiste, on peut s'attendre à ce que des modifications notables de notre milieu entraîne l'apparition ou l'augmentation de certaines maladies car cette "mécanique" subtile s'est rodée pendant des millions d'années. De même, le fait de vivre dans un environnement aseptisé pourrait nous fragiliser, ce à quoi il faut réfléchir alors qu'il est de plus en plus facile de voyager.