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La structure chamanique

Je pense avoir bien compris le mécanisme de ce qui a été mis en place en France. Il s’agit de cultiver l’ignorance afin de maximaliser le "pouvoir créateur" de l’initié. Cela correspond bien à l’organisation tribale d’origine, centrée sur le chaman ("celui qui sait"). Celui ci était le médiateur vers l’autre monde, celui des esprits - correspondant au bindu indien - et son pouvoir de suggestion, son éloquence, était certainement une part essentielle de sa fonction. La rencontre avec ce qui compose cet "ailleurs" radicalement différent est décrite comme extrêmement perturbante par Rudolf Otto (Le Sacré), un esprit mal préparé pouvant sombrer dans la démence à son contact. Un chaman accompli devait fortement impressionner les autres membres de sa tribu par ce qu’il pouvait décrire de ses visions. Ce qui a été mis en place en France est un essai pour retrouver cet "état d’innocence" où l’homme du commun est totalement captivé par celui qui détient la connaissance car il n’a aucun point de comparaison avec ce qu’il lui affirme. Un stratagème a été utilisé pour amener la masse à agir dans ce sens : il s’agit de rejeter les documents écrits sans même commencer à les lire et d’utiliser une forme d’hermétisme pour "communiquer" sur des sujets tabous. Ce deuxième point entraîne qu’il n’y a pas de communication réelle possible entre profanes. Les conceptions de chacun ne peuvent évoluer que d’après ce que lui dit ceux qui connaissent ces mécanismes : les initiés. C’est le principe même de leur action. Ceci abouti à un véritable délire : il n’est pas possible de contacter ceux qui pourraient agir pour rétablir une situation normale car dans chaque hiérarchie des personnes font barrage sans même chercher à connaître les conséquences de leurs actes. Chaque individu est enfermé dans sa propre illusion.

Ce genre de situation n’est pas nouveau. Le point de vue occidental, où ce qui est observé correspond précisément à la réalité, masque des éléments qui l’indiquent. Il ne faut pas faire l’erreur de croire que notre matérialisme est une évidence. En Égypte par exemple, à l’époque pré-dynastique, le dieu Thot, représentant les immigrants qui avaient apporté la science de l’initiation, était censé protéger le monde (en fait la région connue) du chaos où il risquait de sombrer à tout moment. Ceci justifiait leur statut privilégié. Les observations qui semblent avoir été faites sur les nouveaux arrivants (la comparaison avec les babouins) donne à penser qu’ils ont pu anéantir une civilisation antérieure, très différente. Quand le pays fut unifié, le pharaon avait une position de chaman tout puissant secondé par une administration et des prêtres. L’éthique égyptienne a permis la construction des pyramides et de temples gigantesques, seule l’obéissance au pharaon étant importante. Les documents qui nous sont parvenus, centrés sur sa personne, indiquent que le monde extérieur était perçu comme une projection de sa pensée. Une situation similaire existait dans l’empire inca. L’empereur considérait régir le moindre évènement grâce à son administration.

Avec l’"utopie" que proposait Nietzsche, la seule raison d’exister de la masse aurait été de servir l’aristocratie. Celle ci devait avoir tous les droits, sa créativité justifiant ce système. Il préconisait d’utiliser la manipulation pour diriger la volonté du plus grand nombre dans la direction souhaitée. Pour lui Socrate, qui utilisait la dialectique pour chercher la vérité, était la personnification de l’ennemi, l’esprit indépendant. Dans le monde celtique, la connaissance n’était transmise qu’oralement malgré la nécessité de très longues études pour certains individus. Ceci permettait de maintenir une caste de druides ayant une emprise sur la plèbe. Le "roi" y avait un rôle secondaire, en fait proche de celui d’un général en chef.

Je me suis demandé si la situation actuelle avait un rapport avec des choses que j’ai communiqué en décembre 93 mais, en fait, il est très probable que l’essentiel avait été mis en place avant cela. Ca devait être le cas en fin octobre 93, quand j’ai écrit le premier texte sur le non-aristotélisme. Ils sont simplement devenus de plus en plus violents au fur et à mesure que je m’approchais de la vérité et ceux qui pouvaient les voir s’agiter à Paris n’ont pas réagi. Toute cette histoire semble inspirée pour une bonne part du 1984 d’Orwell, ainsi que par les nouvelles de Lovecraft et les univers à tiroirs de Philip K. Dick (ça me fait d’ailleurs penser à quelqu’un en particulier). D’après ce que j’ai compris, les gens croient qu’ils sont observés par des entités qui scrutent leurs pensées (ce qui a sans doute un rapport avec l’autre monde des chamans et des druides) et qui sont prêtes à intervenir dès que quelqu’un apprendra quelque chose à leur sujet. J’ai l’impression que la plupart d’entre eux ne savent même pas de quoi ils doivent avoir peur, ils se contentent d’avoir peur. Ils semblent tous considérer qu’ils se sont engagés dans quelque chose qui justifie leurs craintes. Leur façon de "communiquer" est donc un rituel destiné à se protéger, seules certaines personnes, tenant lieu de chamans, pouvant connaître impunément ces choses. Le plus mystérieux est la façon dont ce délire cosmique a pu être mis en place au départ. Tous les médias s’y sont précipités et se sont délibérément enfermés dans un système où ils ne peuvent que tourner en boucle. Ils entretiennent consciencieusement l’angoisse, distillées par leurs "têtes pensantes", à croire qu’il n’y a pas une seule personne censée chez eux. Ils justifient leur attitude par le fait qu’ils reçoivent des ordres et je n’ai toujours pas réussi à leur faire comprendre la gravité de ce qu’ils font. De leur coté ceux qui tiennent les rênes ne sont manifestement pas décidés à abandonner, peut être parce qu’ils se sont engagés dans une impasse puisque le pot aux roses a été découvert. La question est de savoir combien de temps cette absurdité va subsister.

Christian Trévarin