La mort de Socrate
En 399 avant J.C., Socrate a été condamné à mort pour impiété par les Athéniens. Alors qu'il était en prison en attendant son exécution il a eu l'occasion de s'évader et a refusé de le faire. Certains ont glosé sur "l'anormalité" de ce comportement. D'autant plus qu'avant la délibération finale ses juges lui ont demandé quelle peine pourrait être substituée à la mort, ce qui était d'usage. A ce moment, il leur a répondu que selon lui il aurait dû être nourri au prytanée, comme l'étaient les citoyens les plus méritants (il considérait qu'il rendait service à tous même s'il en irritait beaucoup), ce qui fut interprété comme de l'insolence.
Pour savoir si le comportement de Socrate était tellement anormal, il faut examiner la question en détails. Tout d'abord, ce n'était pas une mort violente. Il a été condamné à boire la ciguë, un poison lent. Il a dû marcher en long et en large, puis s'allonger quand l'effet commençait à se faire sentir. De plus, il avait déjà 70 ans, un bel age pour l'époque. Il avait habité toute sa vie à Athènes et les cités grecques étaient indépendantes. Comme elles avaient des régimes politiques différents, il aurait été très aléatoire pour lui de chercher à s'installer dans l'une d'elles.
Un autre point important est que toute sa vie Socrate a essayé de faire sortir la vérité de ses discussions avec tout un chacun et qu'il s'est heurté en cela à divers sophistes et politiques. S'il s'était enfui pour échapper à sa condamnation, il s'en serait trouvé plus d'un pour prétendre que cela démontrait sa malhonnêteté et dans la foulée remettait en question tout ce qu'il avait dit jusque là. D'ailleurs, il s'est peut-être douté d'après la façon dont on lui a décrit le projet d'évasion que c'était le but d'une manuvre qui aurait été proposée à l'origine par d'autres que ses amis proches. Il est même possible qu'il ait suspecté que certains n'attendaient que ce genre de tentative pour pouvoir le trucider impunément pendant sa fuite. Tout ceci ne peut pas être résumé en un seul mot.