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Un peu d'eschatologie

Si l'on part de l'idée qu'un dieu omnipotent a créé l'univers, on peut chercher à faire quelques déductions. En premier lieu, comment expliquer la cohérence de ce que nous observons tous azimuts ? Il aurait procédé en définissant les lois physiques élémentaires puis les choses se seraient développées à partir de là, jusqu'à obtenir ce que nous voyons, tel que des myriades d'étoiles dans un espace incommensurable. Chaque caractéristique de base - qu'il aurait choisie - semble avoir son importance. Par exemple, si notre espace avait 2 ou 4 dimensions plutôt que 3, les équations de la gravitation n'auraient pas pu être les mêmes et cela aurait eu des conséquences radicales sur la possibilité d'apparition des systèmes planétaires.

Les particules élémentaires permettent la formation de multiples espèces d'atomes - pour la plupart créées par la fusion nucléaire au cœur des étoiles - qui à leur tour s'assemblent en molécules. Au moins sur Terre, certaines molécules, les acides aminés, sont entrées dans un processus qui a généré la vie, puis l'intelligence. Tout ceci est très "logique" car les niveaux s'emboîtent les uns sur les autres de façon presque automatique (du moins concernant ce que nous pouvons percevoir de la réalité) mais quelle signification, quel but, pourrait être la raison de cette création ?

Pour tenter de comprendre, il faut se faire une idée de ce que donne l'absence d'univers. Il y a là un rapport avec la transcendance, c'est-à-dire quelque chose pour laquelle notre intelligence est inadaptée : pas d'espace, pas de temps, donc pas de matière, pas même le concept de mouvement, etc. A l'opposé, nous existons dans le monde des cas particuliers, qui se déclinent à l'infini. C'est la marque du chaos déterministe, intervenant dans différents domaines et à différentes échelles. La vie elle-même et son évolution n'est pas étrangère au chaos avec entre autre les décimations, les extinctions massives d'un grand nombre d'espèces, qui se sont produites plusieurs fois depuis son apparition pour des raisons semble-t-il diverses. Concrètement, cela signifie qu'une situation donnée ne se retrouvera jamais à l'identique.

Après avoir constaté la distance entre le calme plat d'un non-espace et le bouillonnement de ne serait-ce que l'écosystème d'une planète, on peut se dire que le but de la vie est la vie elle-même. Ce point de vue est à rapprocher de la pensée de Sartre selon laquelle l'existence précède l'essence. Cependant, cette idée d'une essence qui serait entièrement déterminée au moment où le livre se refermerait ne me semble pas forcément judicieuse. Que dire par exemple au sujet des Juifs de tous ages qui ont été exterminés dans les camps de concentration ? Que devrait-on "conclure" d'une vie écourtée ? Je penserais plutôt que le chaos est trop présent pour qu'une synthèse complète et définitive puisse jamais être fixée.