PrécédentSommaire

Que diable

La civilisation occidentale - ou ses créations - s'est répandue sur pratiquement toute la planète grâce à son avantage technologique. Mais cela n'a pas été sans une certaine rigidité. En effet, les colons, dès qu'ils pouvaient commencer à s'organiser, ont eu tendance à reconstruire des choses similaires à ce qu'ils avaient quitté. Pour une question de maîtrise technique ou pour se rassurer par rapport à un environnement inconnu ? Toujours est-il que contrairement à ce que pratiquaient les sociétés remplacées - et qui ont pu avoir une fascination pour les objets exotiques amenés par les blancs - il y a eu une nette uniformisation des régions conquises d'une façon ou d'une autre. Là où les autochtones avaient acquis au fil de nombreuses générations un savoir-faire qui leur permettait de vivre sans trop perturber leur environnement immédiat (condition de durée de leurs systèmes), des villes, des routes, des fermes sont apparues.

Les pays qui n'ont pas "basculé" n'ont pu qu'être influencés par la technique occidentale : maintenant l'automobile et la télévision sont partout. On peut se dire que cela est une bonne chose quand il y a une volonté d'installer un commerce global où chacun vendrait ou achèterait à n'importe qui. Mais ce n'est pas forcément la seule ni la meilleure solution. Plutôt que de continuer à tout niveler en bousculant au passage les écosystèmes sans être capables de prévoir l'ensemble des conséquences à long terme, il y aurait la possibilité de rechercher à chaque fois une adaptation correcte. Au lieu de poser comme première condition une interchangeabilité complète du moindre appareil de chaque point de la planète à un autre, pourquoi ne pas s'intéresser à une interchangeabilité partielle, une modularité ?

L'intérêt, mis à part le fait de causer un minimum de dégâts grâce à une adéquation suffisante avec le milieu, serait de créer du travail un peu partout : au lieu d'un unique bureau d'études qui définit LA solution il faudrait pour chaque région particulière des personnes qui trouvent l'adaptation nécessaire des produits ou méthodes pour coller aux besoins. A l'argument - inévitable - d'une moindre efficacité ou rentabilité d'une telle fabrication il faut opposer le fait que, contrairement à ce qui semble avoir été sous-entendu pendant longtemps, le monde a des dimensions finies et que l'économie est loin de concerner toute notre vie.