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Un pari sur l'avenir

Il y a peu, un article décrivait une nouvelle prothèse devant remplacer une main et dont le principe avait été copié sur les pattes d'une espèce d'araignée vivant au Chili. Les articulations de celles-ci comportent des sacs où se trouve un fluide qui est comprimé pour provoquer un mouvement. En imitant ce fonctionnement il a été possible de fabriquer un prototype de prothèse ayant le même nombre d'articulations qu'une main normale. L'utilisation du mécanisme avec un fluide au lieu de moteurs électriques permet une commande plus simple (c'est la pression exercée qui est importante dans la préhension) et un allègement. La main ainsi conçue est plus naturelle mais doit continuer à être testée pour savoir si elle peut être commercialisée telle quelle.

On peut se demander quel est le cheminement qui a mené de l'observation d'une espèce très spécifique d'araignée à l'idée de copier les articulations pour résoudre ce problème. Toujours est-il que la nature est une source incontestable d'inspiration. C'est en regardant des oiseaux que des hommes se sont mis à penser à construire une machine qui leur permettrait de voler à leur tour. Par le mécanisme même de l'évolution, un écosystème est un foisonnement de solutions en tous genres. La sélection naturelle filtre celles qui se présentent pour ne retenir que celles qui sont efficaces à une époque donnée. Ceci agit sur tous les niveaux des organismes, des molécules à la morphologie ou au rôle joué, et est comparable à un ensemble de calculateurs analogiques. Ces appareils électroniques peuvent être configurés pour résoudre des équations en les modélisant : une ou plusieurs sorties (analogiques) finissent par se stabiliser et donner ainsi les solutions cherchées.

L'homme aurait bien tort de rester le nez dans ses laboratoires sans explorer celui qui est constitué par la biosphère, en sachant que le processus a accumulé des éléments "trouvés" depuis les débuts de la vie. Mais si nous saccageons notre environnement nous en faisons disparaître en grande quantité, peut-être jusqu'à une catastrophe écologique globale. La bonne nouvelle dans une telle éventualité est qu'à moins de détruire toute vie l'évolution repartira comme après les décimations qui se sont déjà produites et arrivera à un nouvel équilibre. La mauvaise est que depuis longtemps nous ne serons plus là pour le voir.