L'expansion d'un univers
A notre époque, l'informatique et les microprocesseurs se sont banalisés et sont mis à toutes les sauces. Pourtant, au départ on s'émerveillait sur des machines qui occupaient des salles entières et n'atteignaient même pas les performances d'une calculatrice actuelle. Comment expliquer une progression des possibilités d'un facteur qui dépasse un million en un peu plus d'une cinquantaine d'années ?
Les premiers ordinateurs étaient très coûteux et nécessitaient une lourde maintenance, aussi n'était-il pas question que de tels appareils soient fabriqués et installés à de nombreux exemplaires. Cependant, voyant les avantages qu'ils comportaient sur le crayon et le papier, des gens ont vite cherché à réduire ces inconvénients, pour étendre leur utilisation scientifique mais aussi bien sûr pour des raisons commerciales. Cela a si bien fonctionner que vers 1960 il a fallu créer un langage standard pour l'informatique de gestion, le COBOL.
En fait, cette évolution au cours des dizaines d'années pourrait être qualifiée de spirale, à la limite infernale : pour dénicher un créneau, certains font évoluer le matériel vers quelque chose de plus accessible, d'autres lui trouvent à ce moment des applications nouvelles ouvrant des possibilités qui seront ensuite exploitées par les constructeurs, etc. Qui garde en mémoire qu'à une époque le multitâche ou les systèmes d'exploitations portés sur plusieurs architectures n'existaient pas et qu'il a fallu faire des recherches à ce sujet ? Au niveau des composants essentiels, la progression a été spectaculaire : tubes, transistors (un bon en avant pour la fiabilité), circuits intégrés, microprocesseurs. Le résultat est qu'on peut s'acheter un micro-ordinateur pour ses besoins personnels ou même pour jouer. Mais comme le marché s'est étendu, encore plus de gens cherchent des nouveautés qu'ils pourront rentabiliser.
Compte tenu de la somme de travail fourni (combien IBM, une seule société, investit-elle en recherche chaque année ?), il y a longtemps qu'un individu donné ne peut plus se tenir réellement au courant de tout ce qui apparaît, d'un procédé pour la fabrication des puces à un langage ciblé vers un type d'applications, en passant par les derniers protocoles d'Internet ou les améliorations apportées par la version récente d'un logiciel de CAO. Cela se passant en continu, la personne qui commence à s'intéresser même à un sujet limité est sûre que jamais elle n'aura tout vu.