Palier évolutif
Grâce à la médecine et aux diverses sciences, l'humanité s'est en partie affranchie des mécanismes qui pèsent sur les autres espèces. Quand un changement qui les touche apparaît dans leur environnement, les individus de ces dernières subissent une sélection naturelle. Cela a pour conséquence que, un brassage des gènes ayant eu lieu dans une population, seuls ceux dont les caractères permettent de continuer à survivre (qui ne sont pas trop désavantagés pour se perpétuer, à court ou long terme) se seront multipliés au bout d'une période de transition. Ainsi les pinsons observés par Darwin sur des îles étant séparées par quelque distance s'étaient diversifiés apparemment à partir d'une seule espèce et il nota des différences comme les formes du bec qui étaient adaptées à des régimes alimentaires distincts.
L'homme s'est donc mis à l'abri de ce genre d'aléas tant qu'ils ne sont que localisés et pas trop soudains pour pouvoir réagir (est-ce qu'il est par exemple imaginable qu'un microbe qui serait resté figé depuis la préhistoire - différent de ceux que nous connaissons mais pas trop éloigné - soit libéré par la fonte des glaces due au réchauffement de la planète ?). Pourtant, cela signifie aussi qu'il n'évoluera plus justement parce qu'il s'est soustrait à la sélection naturelle, à moins d'une catastrophe qui provoquerait une hécatombe. En effet, la nature ne poursuit pas un but et ne s'oriente pas dans une direction donnée. En admettant que des mutants apparaissent, dans le milieu que nous nous sommes créé (ou plutôt transformé) ils n'ont pas de raison d'être avantagés et de prendre le pas sur l'homme actuel.
Mais si l'évolution biologique est quasiment stoppée, il reste celle des sociétés, ce qui correspond en fait bien aux particularités de l'humanité. Ne nous attardons pas sur un quelconque eugénisme, pour lequel la sélection serait fondée sur une idéologie, c'est-à-dire une idée qu'on se fait de la réalité, et pas sur la réalité elle-même. Les sociétés se transforment en fonction des évènements de l'histoire mais en fait elles devraient aussi le faire préventivement, pour corriger leurs imperfections manifestes. Comme nous existons dans un espace limité et que, par exemple avec les armes nucléaires en tous genres, nous pouvons provoquer d'énormes dégâts en peu de temps si nous nous y mettons, il vaudrait mieux anticiper les choses pour éviter de se retrouver à un moment engagés dans une logique d'autodestruction (on se souvient de la première guerre mondiale). Une société peut se modifier elle-même mais la condition minimale est de ne pas considérer ce qui la constitue comme une évidence ou un fait acquis. Et ce n'est pas gagné.