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Epique époque

Une idée parmi d'autres émise par les auteurs de science fiction est la connexion directe au cerveau, par une greffe, d'un appareillage informatique qui augmenterait ses capacités. En imaginant qu'il soit relié par les ondes à des banques de données, l'heureux bénéficiaire aurait idéalement à sa disposition un savoir encyclopédique simplement en se posant les bonnes questions. De même pour des possibilités de calcul. Cependant cela apparaît comme une fausse bonne idée car il y a quelques objections.

La première concerne la fiabilité. Pour faire dans la légèreté, considérons qu'une arme nucléaire explose, détruisant toute électronique dans les parages par l'impulsion électromagnétique qu'elle provoque. Si tout le monde possédait un tel implant, ceux qui n'auraient pas été tués seraient pour le moins handicapés. En effet, le cerveau se serait habitué à la présence systématique de ce soutient et aurait développé les renforcements ou inhibitions de milliards de synapses en fonction de celle-ci. A notre époque, nous serions déjà très perturbés par la brusque disparition des télécommunications et de toute informatique, mais ce ne serait qu'une plaisanterie comparé à un tel "accident".

Le deuxième problème se rapporte à la surveillance. Si un gouvernement décidait pour une raison ou une autre de réaliser un suivi personnalisé des demandes faites aux banques de données, il serait difficile de cacher quoi que ce soit du fait du branchement direct. Pas question de trouver une information de manière anonyme puisque cette simple démarche deviendrait suspecte. Même les manques de demandes seraient repérables (bonjour la paranoïa). L'idée d'implanter définitivement une puce qui servirait de carte d'identité fonctionnant automatiquement pour qu'un environnement informatique s'adapte immédiatement à une personne où qu'elle aille ne semble d'ailleurs guère plus judicieuse.

Il y a enfin le danger d'un contrôle. Au bout de combien de temps les habitants du meilleur des mondes se mettraient-ils à confondre les informations naturelles avec celles qui leur viendraient en flot continu du réseau ? Ces dernières peuvent même prendre le dessus parce qu'elles seraient considérées comme plus dignes de foi que l'expérience individuelle vécue au jour le jour. Alors il n'y aurait plus qu'à mettre à disposition uniquement les données innocentes ou avantageuses pour que tout le monde soit canalisé vers une direction souhaitée. Et si quelqu'un avait l'idée de coordonner tous les ordinateurs à l'aide d'un système d'intelligence artificielle, ça ne s'appellerait même plus un dérapage.