Répulsion
La rencontre avec un psychotique, un individu qui a manifestement un comportement aberrant, provoque habituellement un malaise. Ce n'est pas le psychotique en lui-même qui en est la cause car s'il ne s'exprime pas ou s'il s'attache à ne pas se faire remarquer comme tel le problème ne se présente pas. D'ailleurs, qu'est-ce qui le différencie d'une personne inconnue ayant une culture et des habitudes différentes des nôtres si ce n'est l'absence de logique perceptible ou plus simplement l'absence de cohérence ? En fait ça doit bien être la sensation de l'anormalité qui crée le malaise lui-même (est-ce pour cela qu'on dit "avoir une araignée au plafond" ?).
Mais peut-être faut-il aller plus loin. Serait-ce l'anormalité elle-même ou l'impression (l'intuition) que l'autre se coupe volontairement d'une relation, refuse délibérément toute éventualité de dialogue dépassant le superficiel, qui provoque la difficulté de s'adresser à lui. Nietzsche à écrit dans La naissance de la tragédie "Le malheur est venu du dialogue Dès qu'il y eut face à face deux acteurs égaux, une rivalité s'alluma entre eux, une rivalité de paroles et d'arguments Cette rivalité faisait appel à un sentiment jusqu'alors banni " Il est certain qu'un bon moyen pour avoir toujours raison est de nier en bloc la validité de tout ce que dit celui d'en face, mais cela ne fait guère avancer les choses. Un psychotique ne perçoit peut-être pas la nécessité de laisser exister l'autre pour qu'il continue à lui parler. Une personne normale n'appréciera évidemment pas ce qui semble être une solution radicale pour régler un problème interne et s'éloignera, au propre ou au figuré. Mais la question qui doit se poser au psychotique est : a-t-il le choix ?