C'est un diesel
En se basant sur l'idée que nous devons utiliser nos souvenirs pour pouvoir comprendre ce qui nous parvient (avant de parler une langue étrangère, il faut commencer par connaître la correspondance avec des mots de sa langue natale), on se rend compte qu'un apprentissage doit suivre un minimum de méthode : il ne peut pas y avoir d'assimilation sans interprétation. Pour aborder un domaine entièrement nouveau, il vaut donc mieux procéder avec ordre : consulter d'abord les documents le concernant qui sont le plus simple et le plus synthétique pour passer successivement à des choses de plus en plus étoffées et une analyse plus fine. Ce n'est pas du temps perdu car ce qui a déjà été mémorisé, même approximatif, entrera en ligne de compte lors des lectures ultérieures et évitera de mal interpréter où de carrément manquer certains éléments. Il est souvent aussi nécessaire de revenir à des étapes précédentes car les diverses informations peuvent montrer la question sous des angles différents et les recoupements sont utiles. En fait l'assimilation "brutale" est rudimentaire et ne fonctionne correctement que si le domaine n'est pas totalement neuf (si une partie du travail est déjà fait).
Ceci rejoint une notion de la philosophie indienne (bouddhique et hindoue) expliquant que l'individu est modifié par les connaissances qu'il acquiert durant sa vie. Si, par exemple, quelqu'un assimile une nouvelle culture, son comportement sera modifié, au moins dans certaines circonstances. Mais les relations entre les actions et les implications profondes sont le plus souvent ignorées par la personne (les choses se font naturellement). Pour les Indiens, il existe un type de connaissance particulière, appelée jñana, qui ne relève pas de l'intelligence discursive mais de l'intuition et dont "l'organe" est la buddhi. Ils considèrent que lorsque le sujet parvient à cette connaissance, il se produit une mutation de son être : l'équation entre l'âme et l'absolu est réalisée et cette réalisation constitue le salut, la délivrance. Je pense qu'il s'agit en quelque sorte de la conscience de la façon dont fonctionne sa propre intelligence, permettant d'atteindre indirectement l'Essence des choses.