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La boule à zéro

Les moines bouddhistes se rasent la tête pour indiquer leur détachement des apparences. Il est un peu curieux de changer son apparence pour montrer que l'on est détaché des apparences. En fait la recherche de la libération est un processus progressif et la perception que l'individu a de lui-même y intervient bien sûr. Celle ci est dépendante de la perception des autres, qui jouent normalement le rôle d'un miroir dont l'image change en même temps que celle de la personne. C'est dans sa relation avec eux que l'homme peut savoir à quel point l'idée qu'il se fait de la situation courante correspond à la réalité objective, s'il occupe bien l'emplacement qu'il pense occuper.

Jung soutenait que quand 2 personnes entament un dialogue, celui ci n'est pas seulement conscient. Leurs 2 inconscients dialoguent aussi à un autre niveau, au travers des mailles d'une espèce de filet. La perception entière de l'autre est donc plus globale que ce que nous avons l'habitude de prendre en compte. Le processus d'individuation qu'il utilisait était destiné à se débarrasser d'un état d'indifférenciation, une fusion subjective avec l'autre. Jung montrait que le sujet se constitue en se différenciant, tout à la fois en se séparant (de l'extérieur) et en se reliant (à son inconscient), et que le rapport à l'autre et le rapport à l'inconscient se correspondent (ils sont organisés par une même fonction). Selon lui, c'est dans le "dialogue" que l'on devient conscient.