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L’archétype de la horde primitive

Pendant la croissance de l’enfant, l’esprit se structure progressivement en traitant les nouvelles expériences à partir de ce qui est déjà acquis. Pour assimiler quelque chose au tout début de la vie, il faut donc qu’il y ait des éléments innés déjà présents. Ce sont ce que l’on appelle les archétypes, composant l’inconscient collectif de l’humanité. Ce sont des modèles suffisamment généraux pour contenir potentiellement tout ce que le cerveau pourra concevoir mais ils ne sont pas adaptés à une situation particulière. Ils sont identiques pour tous les individus. L’esprit s’organise schématiquement en "couches" : inconscient collectif, culturel, individuel, conscient. Une "couche" dépendra de ce qui se trouve au-dessous. La logique de la conscience est superficielle. Elle ne subsiste que tant qu’elle n’est pas en conflit avec des éléments inconscients ou avec l’affectivité.

Freud a défini le mythe scientifique de la horde primitive (c’est Jung qui a introduit l’idée d’archétypes). Dans un passé lointain, il y aurait eu une situation où un leader, le "vieux", monopolisait le pouvoir. Les autres individus de la horde étaient réduits à simplement lui obéir. Ceux ci l’auraient assassiné pour se partager ses privilèges. Un sentiment de culpabilité en serait né et ils auraient alors adopté sa "loi", ses commandements.

Cet archétype semble jouer un rôle très important dans les psychoses collectives. Je crois qu’en temps normal, il est équilibré par quelque chose d’autre, qu’il y a 2 pôles, l’un collectif, l’autre individuel, de la personnalité. Dans une situation de stress généralisé dans une population, il devient fortement prédominant. La rationalité de chacun disparaît alors car l’effet se propage d’un individu à l’autre. Le groupe adopte un leader qui lui sert en fait de "totem", de référence. Chaque membre du groupe se situe par rapport au leader et ils doivent tous se trouver au même niveau. Toute individualité est gommée car une personne se démarquant des autres est perçue comme voulant sortir du groupe et donc comme un danger potentiel. Les autres lui seront hostiles tant qu’elle restera dans cette situation. Plus un individu s’éloignera de la norme, plus il provoquera l’agressivité du groupe. Le leader en étant très éloigné, chacun cherche inconsciemment à l’éliminer. Comme cette volonté est en conflit avec la volonté consciente, les comportements aberrants de la psychose collective apparaissent. Le phénomène se propage parce qu’il y a des influences inconscientes d’une personne à l’autre. Il y aurait une sorte d’"inconscient externe", les éléments significatifs de l’environnement perçu en dessous du seuil de la conscience étant assimilés dans les processus cognitifs et les influençant un peu comme ils le sont par l’inconscient individuel. Les différents archétypes pouvant être comparés à une surface bosselée sur laquelle on déplacerait une bille, il suffit de franchir une certaine limite pour que celle ci soit "attirée" à un endroit précis. Les différentes personnes s’influencent mutuellement et se retrouvent en phase. Le phénomène disparaît sans doute en même temps que le stress qui l’a provoqué.

Ce scénario s’est très probablement produit pendant la montée du nazisme en Allemagne, Hitler s’est retrouvé en position de leader que les masses ont suivi aveuglément. Je pense qu’ils ont voulu refaire la même chose pour mener à bien leur projet de l’"ère du verseau". Ils ont choisi quelqu’un sans le mettre au courant. Quand il s’est montré trop curieux alors qu’il n’était manifestement pas du tout dans la ligne tracée, ils ont simplement cherché à l’éliminer. Je n’ai jamais pu savoir précisément quelles rumeurs ils ont fait courir sur moi mais il semble que cela dure depuis pas mal de temps. Il faudrait en revenir à quelque chose de plus raisonnable maintenant.

Christian Trévarin