Initiés et religions
Il y a très longtemps, une société assez particulière s’est formée en Arménie. Elle était constituée de 3 castes : prêtres, guerriers et producteurs. Les prêtres étaient les ancêtres des initiés qui ont subsisté dans les différentes civilisations qui sont apparues depuis. Ils pratiquaient la même méthode, consistant à explorer sa personnalité jusqu’à son noyau. Jung s’en est inspiré pour définir le processus d’individuation. Il a souligné qu’il ne fallait pratiquer ce genre de chose que dans les meilleures conditions, notamment avec l’aide d’un psychanalyste. En effet, une erreur telle que l’identification avec ce noyau qui donne l’impression d’être de nature divine provoque une psychose, une forme de paranoïa (cette erreur semble être faite par tous les rosicruciens à partir d’un certain stade de leur apprentissage). De plus, des textes tels que la Kabbale précisent qu’il peut être très dangereux de se laisser abuser par ce qu’on trouve pendant ce genre d’exercice 1. Les individus de cette caste étaient donc complètement mégalomanes. Leur idéologie était que la Terre leur appartenait et qu’ils devaient s’y répandre 2. Pour former la caste de guerriers qui devrait leur permettre de la conquérir, ils se sont mis à sélectionner des éléments du reste de la population en la manipulant. Il est possible que ce soit ce qui est relaté en Genèse 30 35-42 car ils considéraient, et considèrent toujours, les profanes comme du bétail. Il y avait certainement des critères physiques mais c’est surtout le mental qui a été privilégié. Ils devaient chercher à obtenir des combattants "immunisés" contre les peurs irrationnelles de toutes natures. La sélection à dû se poursuivre sur de nombreuses générations car le résultat est tout à fait surprenant. Il y a manifestement eu un ensemble de gènes qui caractérisait le type de cette caste. Des tribus ont rayonné dans toutes les directions, de l’Égypte à l’Europe du nord. Quand elles se stabilisaient, il était dilué dans le reste de la population mais, par le jeu des recombinaisons, il se reconstitue aléatoirement de façon ponctuelle et c’est une forme d’esprit bien particulière qui réapparaît spontanément même si l’environnement ne s’y prête pas, comme le cartésianisme français. C’est ce que les Indiens appelaient les avatars. Les guerriers posaient un gros problème aux prêtres parce qu’ils étaient naturellement insensibles à leurs manipulations. En provoquant le désordre, c’est à dire en ayant un point de vue différent (et Dieu sait s’il l’est) de ce groupe de paranoïaques, ils ne pouvaient que s’attirer leur haine. Cela a parfois dégénéré en véritable guerre civile (voir ce qui concerne les Cananéens plus loin). Il semble que l’un des traits caractéristiques de ces "incarnations" est qu’ils se satisfont très bien de rester anonymes (et en fait c’est logique) mais que s’ils sont confrontés à un problème ils ne le laisseront pas en suspens. Certains se sont fait remarquer (c’est le moins que l’on puisse dire) comme Socrate, Bouddha, Jésus, Sargon d’Akkad, Salomon, Moise... mais il y en a sûrement eu beaucoup d’autres qui sont passés plus inaperçus. Le cas de Jésus est un mauvais exemple car il est très probable que le témoignage que nous en avons ne corresponde pas à ce qu’il pensait. Il devait être opposé aux initiés de cette époque (il est dit qu’il fait hurler les démons) et ceux ci, voyant les résultats de ses actes, se sont empressés de le faire crucifier. Ils ont ensuite manipulé ses disciples pour rattraper la situation 3. D’une façon générale, l’absence de documents précis concernant de tels personnages indique que les initiés les détruisent pour chercher à "effacer" leur passage comme les noms de ceux qui tombaient en disgrâce dans l’Égypte antique. Si la reconstitution complète de l’ensemble de gènes donne des résultats extrêmes, il existe un bien plus grand nombre de personnes qui en ont une partie. Ceux qui ont un dont particulier pour le non-aristotélisme s’en rapprochent sans doute. A mon avis, c’est une question de mobilité intellectuelle, de facilité à changer de point de vue et à faire abstraction de certaines choses 4. Certaines personnes se sont déjà intéressées à ces problèmes très anciens et la science fiction donne une liberté permettant d’exprimer beaucoup de choses. Les livres de Frank Herbert et des films tels que Alien, Invasion Los Angeles et surtout Blade runner sont trop inspirés pour que ce soit un hasard.
La formation de la troisième caste est plus difficile à cerner. Comme elle était liée à la fonction de production, il est possible qu’elle consistait à accumuler des connaissances sur un domaine spécialisé et à les réutiliser aussi efficacement que possible par la suite. Ceci se retrouve chez les rosicruciens à notre époque et j’ai l’impression que comme eux, les nomades avaient un esprit stérile, qu’ils n’ont connu des techniques comme la métallurgie ou l’écriture qu’au fur et à mesure qu’ils les rencontraient dans leur progression. La soit disant supériorité des rosicruciens est en fait liée à un truc très simple. Il suffit de récupérer des informations que l’on cache aux autres et de les utiliser sans se préoccuper de critères moraux. La seule chose qui compte c’est de se persuader et de persuader les autres qu’on vaut mieux qu’eux. Tout est dans le paraître, tout comme pour les sophistes qui prétendaient en toute simplicité tout connaître parce qu’ils avaient une maîtrise suffisante du discours pour ne (presque) jamais être pris en défaut. Il semble qu’ils n’évoluent absolument pas car ils emploient les mêmes méthodes qu’il y a des milliers d’années : provoquer des illusions en jouant sur les apparences 5 et diffamer leurs adversaires 6. Cela indiquerait qu’ils se considèrent bien comme parfaits et ne se remettent pas en question. La meilleure arme pour lutter contre eux est de diffuser les informations qui permettent de voir au travers du "voile" qu’ils créent. Comme ils le savent, ils ont mis en place la machinerie absolument démentielle (filtre sur le courrier et le téléphone, méthode d’"incommunication") qui leur permet de m’isoler complètement.
C’est l’action de la caste des prêtres qui a généré nos conceptions actuelles des religions. Pour en suivre l’évolution, il faut se reporter aux stades successifs. Par exemple, dans la mythologie germanique 7, il n’a d’abord été question que d’entités collectives. Leur langue n’avait d’ailleurs pas de mot pour traduire religion, le plus approchant étant coutume. Les figures anthropomorphes sont apparues plus tard et représentaient essentiellement les archétypes, les modèles des différentes castes (il y a généralement des agrégats de plusieurs concepts dans les figures des mythologies et légendes). Odin, Loki et Frigg se rattachent à la caste des prêtres, Odin étant le personnage le plus important, la personnification du chaman. C’est un dieu aristocratique qui se nourrit de vin (voir aussi l’ivresse de Noé ainsi que Dionysos) et utilise tous les moyens pour arriver à ses fins, y compris la fourberie et la mystification. Il est en rapport avec l’arbre Yggdrasill (le coursier d’Odin), l’axe du monde, qui est identique aux différentes représentations d’un arbre central 8. Odin a mis un œil en gage (cela veut dire qu’il a renoncé à une partie de lui-même, que son esprit est devenu stérile) pour obtenir la connaissance des runes, des écritures magiques, grâce à lui. Odin représente l’un des aspects de la totalité, l’ordre, Loki, à qui il permet de rester à ses cotés, étant le chaos. Loki est un démon qui donne naissance à des monstres. Son action se rapproche de celle de Varuna (voir plus loin). Frigg, la femme d’Odin, connaît le destin mais ne le révèle pas. C’est l’image de la caste des prêtres, la "manifestation" d’Odin qui est le principe associé. Thor correspond à la caste des guerriers. C’est un dieu populaire. L’utilisation de son marteau représente la recherche d’efficacité de celui qui va au plus court et qui ne fait ni plus ni moins que ce qu’il faut pour réussir. Il protège le monde des hommes en combattant les monstres et démons venus de l’irrationnel. Freyr et Freya sont les 2 aspects - masculin et féminin - de la troisième caste, liée à la production et à la fertilité. En fait ceci est une vue schématique car il y a très probablement eu une évolution des croyances. Je pense qu’il y a eu au moins 2 vagues d’indo-européens (au sujet d’Heimdallr, à rapprocher d’Osiris ou de Ptah, il est question de 3 fois 3 vagues - 3 invasions successives). C’est sans doute de l’arrivée de la dernière qu’est tiré le récit de la guerre des Ases et des Vanes, 2 familles de dieux. Ca doit être un amalgame de plus car les Ases semblent correspondre aux 2 fonctions de commandement (prêtres et guerriers) et les Vanes à celle de production.
Dans les premiers textes indiens, il y a une correspondance avec le schéma général précédent. En effet l’une des vagues aryennes est passée par la région de l’Inde. Odin et Loki sont remplacés par Mitra et Varuna, Thor par Indra, Freyr et Freya par les jumeaux Asvin. Varuna est un dieu qui utilise la maya, l’illusion, pour attaquer à distance les ennemis en les rendant fou ou en créant une peur panique. Il est associé à l’eau et plus particulièrement à la mer dont les vagues représentent les changements incessants des apparences. Dans un certain nombre de mythologies, la mer est associée à l’illusion. Il est représenté avec un lacet, probablement pour évoquer l’étranglement. C’est d’abord Mitra et Varuna qui assurent la souveraineté, Indra étant le héros, le combattant utilisant la force et qui fut fabriqué (?) par les autres dieux. Un peu plus tard, c’est Indra qui devient souverain des dieux (Deva) alors que Varuna est relégué au rang de démon (asura) et que Mitra, qui de toute façon apparaissait très peu, disparaît. Il est possible que ceci soit en rapport avec le récit du combat d’Indra avec le serpent cosmique, un démon qui empêchait l’eau de la création de se répandre en l’enserrant dans ses anneaux. Cette eau qui se répandit une fois qu’il fut vaincu pourrait être la connaissance monopolisée par les prêtres pour avoir un pouvoir maximum sur la population et qui fut révélée par certains guerriers (voir aussi la castration d’Ouranos par Cronos "aux pensers courbes"). Varuna était aussi associé au ciel étoilé, les étoiles étant ses yeux (ou ses espions). Ce panthéon védique a ensuite évolué dans le brahmanisme et l’hindouisme. C’est pendant cette transformation que les castes semblent s’être dissociées des divinités, qui sont devenues Brahmâ, le créateur, Vishnu, le conservateur et Shiva le destructeur ou le transformateur. Bien que des attributs des anciens dieux se soient mélangés, il reste tout de même une correspondance avec les castes aryennes. Brahmâ (ou Prajapati, le maître des créatures) serait celle des producteurs, Vishnu se rapproche d’Indra et Shiva de Varuna. Vishnu et Shiva ont les rôles les plus importants, Brahmâ étant en arrière plan comme les Asvin auparavant. Les qualificatifs de ces 2 divinités sont bien sur en rapport avec les anciennes castes, les guerriers ayant naturellement une vision des choses qui leur permettait de ne pas être abusés par l’illusion et les prêtres l’utilisant au maximum.
C’est le shivaïsme qui permet d’avoir actuellement l’image la plus juste des conceptions des initiés 9. Shiva est un principe inerte, un type. Il doit être manifesté par sa Sakti, aussi décrite comme sa femme. Ceci dérive de la relation entre Agni (le feu, l’étincelle divine habitant l’âme) et le soma (l’eau, la vitalité du corps) du védisme. Dans le yoga tantrique, cela a donné l’Atman et la Kundalini 10. C’est à l’échelon individuel l’équivalent de ce que Shiva et la Sakti sont pour la population. Pour les hindouistes, il y a identité du Brahman, dont Shiva est une des formes, et de l’Atman (ce qui est en haut est comme ce qui est en bas). Ils considèrent qu’il existe une réalité absolue, le bindu, équivalent à la réalité intelligible, au monde des idées de Platon. Il y a aussi une autre "réalité" : la maya, l’illusion. Contrairement aux autres courants, les shivaïtes pensent que la maya a bel et bien une existence concrète. L’Atman, l’élément absolu de l’âme, "voit" le bindu tandis qu’un homme normal vie exclusivement dans la maya. On dit qu’il est lié à celle ci et pour s’en libérer, il faut que la Kundalini rejoigne l’Atman en passant par les 7 chakras. Son esprit sera alors unifié et accordé aux "commandements" du soi (les archétypes). Shiva étant inerte, il intervient sur la maya, la réalité changeante, par l’intermédiaire de sa Sakti, constituée par les âmes "libérées". Celles ci, ainsi que Shiva, sont classées dans la catégorie pati (maître). Les âmes liées à la maya sont dans la catégorie pasu (bétail). Étant donné que l’identification du soi provoque une psychose, il ne faut pas se faire d’illusions sur la façon dont on doit interpréter ce terme. Les âmes libérées agissent par l’intermédiaire des mantras, qui sont des fragments du Verbe, la parole qui est censée agir sur la réalité 11. Étant donné qu’ils considèrent que l’Atman est identique au Brahman, les initiés pensent qu’ils sont unis par une même volonté, celle de Shiva. On a put constater que c’était plutôt du chacun pour soi, ce qui est logique pour des gens qui se comportent en psychopathes.
Pour les hindouistes, Vishnu est la divinité qui conserve l’unité du monde. Il est décrit comme rêvant celui ci entre le moment de sa destruction et celui d’une nouvelle création, ceci se produisant de façon cyclique. Comme le yoga n’est pas exclusivement pratiqué par les shivaïtes, ça pourrait être une autre interprétation des archétypes décrivant tout ce qui est concevable. Il intervient en s’incarnant dans les avatars quand l’ordre du monde est menacé par les démons. On a vu plus haut les raisons de ces apparitions. Le type de la caste guerrière réapparaissant de façon plus ou moins prononcée chez un certain nombre d’individus pourrait expliquer que l’idée de réincarnation et de karman se soit imposée. En effet, quand on leur présente certaines conceptions, ces personnes les retrouvent chez elles et ont donc l’impression de les avoir connues dans une vie antérieure. Le fait que le type soit plus ou moins sensible selon les individus donnerait l’idée d’une progression d’une vie à l’autre jusqu’à atteindre l’éveil. Le principe selon lequel l’existence n’apporte que la souffrance me semble pourtant typique des initiés. C’est probablement en étant confrontés à une souffrance morale dont ils ignoraient la cause qu’ils en ont déduit qu’eux aussi se réincarnaient. La différence des points de vue peut être illustrée par une anecdote. Un jour Bouddha aurait rencontré un yogi qui prétendait pouvoir marcher sur l’eau. Il lui aurait répondu que pour traverser un fleuve sans se mouiller, il avait juste besoin d’une pièce à donner au passeur. Je précise tout de même que si une idée vient d’une mauvaise interprétation d’un phénomène, cela n’exclu pas d’autres explications.
Les initiés n’ont pas toujours réussi à se maintenir. Les tablettes d’Ugarit 12 décrivant la mythologie cananéenne en donne un exemple. Elles décrivent un dieu "patriarche" El, dont la femme est Ashérat et ayant 2 fils : Baal, chevaucheur des nuées, et Yam, dieu de la mer. Il habite avec eux à la source des fleuves, à la limite des 2 abîmes : ceux des eaux douces et des eaux salées. Baal a pour femme Anat, Yam n’en a pas. Je pense que les divinités masculines sont les types des groupes comme précédemment et les divinités féminines leurs manifestations. El et Ashérat représenteraient toute la population migrante, Baal et Anat le groupe des guerriers et Yam les prêtres. Yam n’aurait pas de femme parce qu’il n’y avait pas de facteur génétique pour cette caste. Son domaine s’étendait sur les eaux douces (qui donnent la vie dans le désert) et les eaux salées (qui donnent la mort). Ces 2 aspects sont très probablement à rapprocher de ceux de Mitra et Varuna. Les fleuves peuvent correspondre à ceux de l’Eden. Yam était le préféré de El et la coexistence entre les 2 fils était difficile, Baal n’ayant pas de maison. Yam réclama auprès des autres dieux qu’on lui livre Baal et ils acceptèrent. Ce dernier le combattit alors avec une massue, puis une arme plus efficace, et finit par le tuer. Anat massacra ensuite les peuples du bord de mer, les opposants. On éleva un temple à Baal, avec une ouverture pour qu’il dispense l’humidité porteuse de vie. Ce récit est sans doute à rapprocher de celui du combat d’un dieu de l’orage avec un serpent cosmique, présent aussi chez les Hittites, les choses ayant pu aller plus loin dans ce cas particulier. Ca pourrait être l’explication de la malédiction jetée sur Canaan dans la Genèse. Il y a ensuite un récit mettant Baal aux prises avec Mot, le dieu de la mort, et ses auxiliaires. Il est tué et enterré dans son temple. Anat se met alors en quête de Baal. Cela dure 6 années et la septième Baal combat à nouveau Mot sans qu’il y ait de vainqueur. Ceci correspondrait à la quête d’Osiris par Isis, la tombe de Baal étant le coffre d’Osiris, et donnerait un nouvel élément. A partir d’une certaine époque, il est probable qu’il ne naissait plus aucun individu ayant le type complet des guerriers parce que la population s’était mélangée. Certains de ceux qui y correspondaient partiellement ont dû chercher à utiliser l’ancienne méthode des prêtres pour le retrouver.
Les hébreux avaient originellement la même structure tripartite. Dans l’ancien testament, les personnages peuvent être soit des tribus (c’est manifeste avec la description de la descendance de Noé), soit les archétypes de groupes particuliers (Noé et ses fils), soit des personnages historiques. Un certain nombre de tribus ont dû se déplacer indépendamment, ce qui expliquerait que certains récits se retrouvent à plusieurs reprises avec des personnages différents ou qu’il y ait des amalgames. Yahvé est l’équivalent de Shiva. Il agit par le Verbe. On trouve une conception similaire à la Sakti dans la Kabbale 13. Les patriarches, "qui marchent avec Dieu", sont sans doute des groupes ou des familles de guerriers. L’épisode de l’ivresse de Noé se rapporte probablement à la rupture de cette caste et des prêtres. La vigne représente l’arbre central qui donne l’ivresse, ce qui est sous une tente la partie inconsciente de l’esprit. Cham décrit ce qu’il a vu, il révèle les secrets des prêtres, tandis que ses frères cachent Noé par son manteau, ils pratiquent l’ésotérisme. Plus tard, pour Moïse, la "tente de la rencontre" sera l’endroit où il s’entretiendra avec Dieu. Elle est aussi appelée la tente de la charte, ce terme désignant les tables de la Loi, représentant les archétypes de l’inconscient collectif. Ces conceptions seront synthétisées plus tard dans le plan du temple de Salomon 14. Celui ci était constitué de 3 salles, représentant les parties consciente, préconsciente et inconsciente (le Saint des saints) de l’esprit. Au centre de la dernière salle se trouvaient 2 chérubins qui encadraient l’arche d’alliance renfermant les tables de la Loi. Ceux ci symbolisaient les 2 aspects de la totalité. Les livres de sagesse des Hébreux 15 montrent que la ligne orthodoxe ne se préoccupait alors pas de critères moraux. Il est simplement dit que Dieu favorisera celui qui suit ses commandements, alors que celui qui s’oppose à lui sera confronté à des épreuves. C’est dans ces conditions, entouré de différents courants plus ou moins extrémistes, que Jésus a dû chercher des explications à la situation en Palestine. Ses paroles ont suscité un vif espoir et comme il s’opposait aux "marchands du temple", il est très probable que ce sont eux qui l’ont fait crucifier. Ils ont ensuite voulu récupérer la situation en manipulant ses disciples. Il est possible qu’il ait été divinisé pour le rendre inaccessible, afin de dissuader ceux qui pouvaient être tentés de suivre son exemple. Le christianisme s’est répandu mais des initiés ont dû le suivre continuellement. L’un des buts des croisades devait être de retrouver en Palestine des enseignements de personnages comme Salomon. C’est dans cette région que se sont formés les ordres des templiers et des chevaliers teutoniques, qui ont manifestement apporté certaines informations jusqu’en Europe. On ne retrouverait pas actuellement de documents vraiment intéressants sur ce sujet parce qu’ils auraient tous été récupérés à cette époque. En tout cas, le comportement des templiers lors de l’attaque d’Ascalon 16, semblant vouloir être les seuls à entrer dans une ville qui avait été occupée par les Cananéens et les philistins, donne à le penser. J’ai l’impression que l’apparition de la Rose-Croix proprement dite en Allemagne vient de la conjugaison de restes de l’ancienne mythologie germanique, du hassidisme apparu dans cette région et des enseignements ramenés par les chevaliers teutoniques. Le philosophe rosicrucien Robert Fludd 17 parle de la volonté et de la "nolonté", des aspects lumineux et ténébreux de Dieu, ce qui n’est pas très orthodoxe.
En Égypte, les divinités différaient d’une ville à l’autre (ceci a peut être été vrai un peu partout à des époques archaïques). Il pourrait y avoir eu un mélange avec d’anciennes religions totémiques. Les 3 castes apparaissent de différentes façons, notamment avec Thot "3 fois très grand". Thot fut assimilé à Hermès Trismégiste qui serait venu à 3 reprises en Égypte et se serait "souvenu de lui-même" (il semblait réincarné) une fois. Il aurait apporté les sciences, l’écriture et le Verbe en Égypte. Il était associé au cynocéphale et à l’ibis. Les premiers habitants ont dû comparer les nouveaux venus à ce singe à cause de l’agressivité de leurs dirigeants et à l’aspect inhabituel de ces hommes blancs 18. L’ibis aurait été choisi pour son bec pointu, rappelant une arme de jet. Il était censé protéger contre des serpents volants qui seraient apparus si l’ordre du monde n’avait pas été maintenu. Il existait aussi des triades de divinités père-mère-fils dans différentes villes. La réapparition du dieu fils était commémorée. Ils devaient donc correspondre primitivement aux castes des prêtres, producteurs et guerriers. Le culte du taureau Apis est aussi intéressant. Dans plusieurs régions, le taureau semble associé aux guerriers. On recherchait un taureau ayant des taches bien précises sur son pelage et il était ensuite vénéré jusqu’à sa mort. Il se pourrait qu’au départ, il s’agissait de choisir un chef et que les signes se trouvaient dans son comportement. A l’époque où il est devenu impossible de le trouver, cette coutume serait passé sur le plan symbolique. La déesse Hathor (le domaine d’Horus) avait une double forme : celle d’une vache (littéralement la vache à lait) et celle d’une lionne. Elles correspondaient aux producteurs et aux guerriers, Horus représentant les prêtres. L’un des mythes représente celui ci aux prises avec Seth. Au départ, ses yeux sont le soleil et la lune mais Seth lui arrache son œil solaire. Ce dernier devant représenter la matière, les 2 yeux d’Horus signifient qu’il avait le dont héréditaire des guerriers (soleil) qu’il a perdu, et qu’il pratique l’initiation (lune). Seth avait précédemment combattu Osiris, l’avait tué et découpé en 14 parties. Isis s’était mise à sa recherche, retrouvant 13 morceaux, le sexe manquant exprimant l’idée de stérilité de l’esprit, aussi bien du point de vue des peurs irrationnelles que de celui de la créativité. Dans un autre récit, il est question de l’unification de 2 royaumes, celui d’Osiris (le bien) et celui de Seth (le mal) et plus tard de la création de Memphis (le mur blanc) au milieu. Cela signifierait qu’il est nécessaire de garder un équilibre entre le bien et le mal. Il est à noter que les temples égyptiens étaient battis sur le même modèle que celui de Salomon, une statue du dieu adoré se trouvant au centre du Saint des saints.
Les rosicruciens ne sont pas plus rattachés au Christianisme qu’à une autre religion. Depuis qu’ils existent, les initiés se servent des religions comme de paravents, se sont des Tartuffes. Leur façon de procéder est très simple. Ils font le tri entre les informations qui doivent parvenir aux profanes et les autres et agissent là où il faut pour s’assurer que personne ne s’aventurera hors des sentiers battus. Cela fonctionne parce que le choix des éléments des éléments d’analyse est essentiel pour l’assimilation et la compréhension (exemple du stylo dans Le non-aristotélisme). Si nous n’avons pas en main les bonnes informations à un moment donné, la signification d’un fait particulier n’apparaît pas. Ils font donc en sorte de canaliser les masses en façonnant leur culture, en remplaçant ce qui est gênant par ce qui les arrange. Ceci explique le revirement entre Socrate "qui sait seulement qu’il ne sait rien" et l’aristotélisme où le jugement est considéré comme parfaitement fiable. C’est particulièrement efficace pour une religion parce qu’ils jouent sur l’affectivité et font entrer en jeu des éléments symboliques. Tout ce qui touche au symbolique trouve un écho au niveau de l’inconscient collectif. Un symbole bien choisi sera assimilé au niveau inconscient même s’il ne signifie rien pour le conscient. Comme l’inconscient joue un rôle très important dans le raisonnement, un groupe sera manipulé de cette façon et chacun attribuera ce qui arrive à la fatalité ou à une intervention divine. La méthode est basée sur le même principe que la prestidigitation : il s’agit d’"aveugler" l’autre par un élément particulièrement frappant (le symbole) pour masquer ce qu’on ne veut pas qu’il voit. La dextérité des rosicruciens vient du fait que par leur initiation, ils ont connaissance des éléments symboliques qui se retrouvent chez chacun ainsi que dans ce qui est exprimé dans notre environnement. Certaines personnes ont un don plus ou moins prononcé pour retrouver un sens qui se cache derrière des éléments disparates : c’est la "trame" qui apparaît aux mentats dans le cycle de Dune, non pas un mais plusieurs fils conducteurs. Je pense qu’il suffit de faire assimiler les bonnes informations à ceux qui n’ont pas ce don pour qu’ils y voient plus clair. Alien était le huitième passager, "pur" parce qu’en dehors de toute considération de bien et de mal, totalement instinctif. Le chiffre 7 étant d’une façon générale associé au religieux et à l’ésotérisme, on doit pouvoir faire apparaître l’étranger, la bête qui se cache derrière les religions.
Christian Trévarin
6) Les Indo-européens, Que sais-je ?
7) Nordique et nord-germanique (mythologie), E.U.
16) Les templiers, Que sais-je ? page 51
E.U. : Encyclopaedia Universalis
D.S. : Dictionnaire des symboles