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Des brutes épaisses

Il est permis de rester perplexe devant l’entêtement des neuneux. C’est évidemment une incroyable avidité qui les aveugle, mais à ce stade ! Ils devraient tout de même rechercher une certaine efficacité mais ce n’est pas le cas. Par exemple, comment convaincre quelqu’un qui sait que tous les renseignements qu’on utilise sont faux, qu’on est con comme un balai et qu’on ment sans arrêt ? Et partant de là, comment réussir à l’intimider, puisqu’il s’agit bien de cela ? Ca ne les préoccupe pourtant pas. Ils pensent simplement qu’ils sont infiniment supérieurs à ceux qui ne leur ressemblent pas. Pour eux " c’est un fait ". Comme il se doit, ils sont dévorés par la haine de quiconque ne les considère pas " pour ce qu’ils sont " et qui devrait évidemment être " à leur botte ". Si on ne cherche pas à les imiter dans leurs singeries parce qu’on n’a rien à dire à ces gens là et qu’on a déjà été tout à fait explicite depuis longtemps, ils se saisissent contre toute logique du moindre bruit ou geste que l’on fait pour l’interpréter parce qu’ils veulent que ça signifie quelque chose. Autrement dit, ils travaillent tout en finesse.

C’est un spectacle tellement navrant de les voir indéfiniment tousser en se synchronisant sur ce qu’ils entendent, comme s’ils espéraient faire tomber un mur en s’y tapant la tête suffisamment longtemps, qu’on a tout de même envie de leur donner des tuyaux pour être un tant soit peu constructif. Mais quand on leur montre sans ambiguïté qu’on n’est pas dupe, ces super faux culs prétendent qu’ils ne font rien de particulier et jouent les innocents. Le fait de tout déphaser leur permet de choisir l’interprétation qui les arrange de ce que les autres leur disent. Ils savent bien qu’ils sont loin de pouvoir assurer s’ils n’utilisaient pas cet artifice mais leur lâcheté les condamne à tourner en rond. En fait, leurs manières sont si affectées, ils sont tous si hypocrites qu’ils évoqueraient l’idée de décadence si on ne savait pas que cela a toujours été ainsi.

Il est certain qu’ils n’ont pas le plus petit soupçon de psychologie. Quand les choses ne marchent pas comme on l’espérait, il faut se demander quel est l’élément qui coince dans ce qui sous-tend la surface des apparences et quand la volonté de quelqu’un est en jeu il faut s’intéresser sérieusement (pas comme un charlot) à ses motivations. Mais en fait, ils ont trouvé la " solution " la plus " géniale " à tous ces problèmes. Pour eux, " c’est la réalité qui doit se plier à l’homme, et non l’inverse ". Ainsi on peut être et avoir toujours été un surhomme simplement en le voulant. Ils se raccrochent à ça et affirment cette " vérité " ultime, évidemment sans chercher à en saisir les implications (ils ne sont pas équipés pour), notamment en ce qui concerne le pouvoir (ce qui les intéresse beaucoup). Il se déduit de ce point de départ " le bien est ce qui va dans notre sens, le mal ce qui s’oppose à nous ". Ils sont bien loin d’accepter d’admettre qu’ils n’ont jamais rien eu à perdre en abandonnant leur cinéma parce que dans cette grosse farce ils ne peuvent être que des larbins qui n’existent que pour cirer les pompes des " puissants " (mais si, mais si) et n’ayant rigoureusement aucun droit. Même cette évidence là (compte tenu du profil et de l’attitude de leurs leaders), ils la nient. Mais l’entêtement le plus extrême ne changera rien à la nature du problème. Dans toutes les langues du monde, ça s’appelle se faire entuber.

Christian Trévarin