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La tchatche

Selon l'hypothèse Sapir - Whorf, une langue donnée est une sorte de vision spécifique du monde. Elle est comme une structure qui formate les conceptions des locuteurs. Les représentations manipulées ne se rapporte pas à la réalité elle-même, mais à sa vision fournie par le langage. Personnellement, je pense plutôt qu'il y a une interrelation entre 2 éléments distincts : la langue et l'ensemble des concepts du locuteur. L'homme est un animal social. Une culture est transmise par un langage donné. Mais ce même langage a été façonné au fil des générations pour un usage particulier : transmettre les informations techniques et culturelles. Quand les 2 personnes qui dialoguent ont été immergées depuis longtemps dans le même milieu, cela semble immédiat.

Cependant, quand les locuteurs n'ont pratiquement rien en commun (le choc des cultures), la compréhension est loin d'être acquise. Même après avoir laborieusement collecté les mots d'un vocabulaire, il serait optimiste de croire que presque tout le travail est fait et que l'on va nécessairement se retrouver "en phase". Prenons l'exemple de la civilisation de l'Egypte pharaonique - quasiment une autre planète étant donné les strates qui se sont succédées depuis (grecque, romaine, byzantine, arabe). Il n'en reste que des documents écrits et des représentations. On peut justement s'interroger sur les particularités de leur écriture. Pourquoi les principes des hiéroglyphes n'ont-ils pas changé pendant 3000 ans malgré la difficulté de traduire des idées abstraites, alors qu'à la même époque en Mésopotamie les pictogrammes ont rapidement évolué ? Pourquoi cette écriture ne codait-elle que les consonnes alors que cela pouvait donner des textes ambigus ? Je crois que pour se faire une idée plus exacte, il faudrait examiner globalement toutes les données disponibles et se représenter cette population cernée par le désert et liée au Nil et particulièrement à ses crues.